Météo du lundi 26 juin 2017

Météo du lundi 26 juin 2017

26 June 2017

Après avoir perdu de vue Belle Ile hier soir vers 23H, le Queen Mary 2 fonce sur la route directe à 25 nœuds. Le tout petit vent d’Est de la nuit a fini par mourir ce matin à la sortie du golfe de Gascogne et a cédé la place à une immense zone de calmes qui s’étend de la pointe des Cornouailles Anglaises jusqu’au large de la Péninsule Ibérique. Offrant à ses passagers un habitacle quasiment immobile, le géant trace un sillage parfaitement rectiligne et visible du pont N°13 sur quelques milles en arrière. A contrario du paquebot qui alignera quoi qu’il arrive ses 480 milles par jour sur la route directe, les quatre Ultimes doivent désormais inventer une trajectoire idéale dans cet Atlantique peu conciliant.

Certes le départ dans les petits airs ensoleillés de l’Estuaire de la Loire était idéal pour les dizaines de milliers de spectateurs venus assister à ce match incroyable. Mais quelques miettes de vent ne sont pas suffisantes pour rivaliser contre les quatre moteurs de 21 000 chevaux d’un des plus grands paquebots du monde.  

Au coup de canon, la décision était donc prise. Il faudra tirer des bords le long de la côte bretonne en passant à l’intérieur des îles, s’accommoder tant bien que mal de ce trou sans vent en traversant la Manche (ronds bleus) et réussir à accrocher une providentielle dépression qui arrivera sur l’Irlande lundi soir.

Après un départ extra - ordinaire dans l’Estuaire de La Loire, la course est lancée. Cap au Nord-Ouest pour les 4 multicoques qui doivent traverser aujourd’hui une zone de calme (ronds bleus) avant de toucher – enfin ! - les vents de Sud- Ouest d’une dépression qui se dirige vers l’Irlande. 

La journée va être longue pour les bolides avant que les gréements ne frémissent aux premiers effluves venus de l’Ouest. Pas de doute, le bilan de cette première journée sera lourd avec probablement 300 milles de déficit sur le tableau de marche.

La nuit prochaine et les journées de mardi et mercredi s’annoncent bien meilleures et surtout plus musclées : plus les voiliers vont se rapprocher de la dépression, plus le Sud-Ouest va fraîchir (jusqu’à une vingtaine de nœuds) avant que l’œil du phénomène (rond noir) ne se décale vers le Connemara et ne fasse basculer le flux au Nord-Ouest.

Dans un ciel chargé de grains, les funambules devront virer (juste sous  le centre noir de la dépression) et attaquer un grand tribord amures vers le centre de l’Atlantique. Les prototypes vont enfin faire gémir leurs appendices de bonheur. Dans les vents annoncés de 20 puis 30 nœuds de travers, les vitesses devraient atteindre aisément les 30 nœuds, voire les 40, s’ils choisissent de tirer un peu la barre.

Mardi, pour la première fois depuis le départ, les quatre concurrents vont sans doute reprendre des milles au Queen Mary 2. Un exploit et un vrai bonheur dans ce début de match accablant.

Pour les marins, ce sera aussi le moment d’un choix crucial.

- Soit rester sur la route Nord, aller à la rencontre de la dépression qui s’annonce sur Terre Neuve jeudi et se préparer à tirer des bords le long de la Zone des Glaces ? (route rouge).

- Soit plonger plus Sud pour tenter de passer sous la petite haute pression (HP trait marron) qui se détache de l’anticyclone des Açores et offrirait une nouvelle opportunité ?

Positionnés plus Sud, les multicoques pourraient tirer un meilleur profit des vents de Sud-Ouest qui sont prévus pour la deuxième moitié du parcours.  Et pourquoi pas, nous offrir encore, un peu de suspense !

Dominic Vittet