À coups d’élastique !

À coups d’élastique !

Alors que les quatre Ultimes ne vont pas tarder à atteindre la mi-course, Macif (François Gabart) toujours en tête, conserve une légère avance sur IDEC SPORT (Francis Joyon) lors de cette quatrième nuit, tandis que Sodebo Ultim’ (Thomas Coville) a recollé aux deux leaders, et était ce matin au classement de 3 heures UTC à moins de 20 milles de Francis Joyon et ses hommes. Actual (Yves Le Blévec) effectue une très belle course, profitant de toutes les opportunités et d’un flux toujours aussi irrégulier pour ne pas se faire décrocher. En fin de nuit, il était à 190 milles de Macif, et le plus rapide de la flotte. 

À 3 heures UTC ce jeudi matin, ce sont des marins en forme et plutôt loquaces qui se sont succédés à la première vacation de la journée. Le maître-mot est la concentration, alors que le leader Macif est le premier à ralentir sous l’effet d’une nouvelle zone de transition, avant de toucher dans la journée un nouveau vent avec un flux de Sud-Ouest qui devrait permettre d’accélérer. Et au passage d’une dorsale, c’est toujours la même histoire ! Les premiers butent dans « la molle » et l’élastique se détend permettant à Actual marchant deux fois plus vite que Macif (20 nœuds pour Actual et 10 pour Macif) de combler une partie de son retard.

Tweet may protest The Queen !

Alors que le Queen Mary 2 n’est plus qu’à 1100 milles de New York, il navigue en bordure de la zone des glaces sous Terre Neuve, et a même légèrement « mordu » la zone d’exclusion dans laquelle les concurrents n’ont pas le droit de pénétrer. Non sans humour, Jean-Luc Nélias, le navigateur sur Sodebo Ultim, n’a pas hésité à poster ce tweet avec capture d’écran de la cartographie : « Réclamation contre le QM2 dans zone interdite des glaces. 3 jours de pénalité minimum ! » Plus sérieusement, la flotte progresse toujours au près dans des vents très variables en force et direction, et ne cesse de manœuvrer. Et si l’on en juge par les faibles écarts (26 milles entre Macif et Idec Sport) la régate bat son plein.


Ils ont dit :


Yves le Blévec (Actual) : « Ça va tranquillement, car même si on ne va pas super vite, il y a beaucoup de travail à bord d’Actual pour adapter la voilure et les réglages aux conditions qui sont toujours très variables. La nuit est particulièrement noire et l’on ne voit ni étoiles ni horizon, mais on n’est pas encore vraiment dans le brouillard et ça devrait se dégager un petit peu quand le jour va se lever. Le vent n’est globalement pas très fort, mais pas forcément dans la bonne direction. Il ne permet jamais de faire la route directe, et il faut en permanence slalomer avec les différents systèmes pour arriver à progresser vers New York. Cela suppose pas mal d’anticipation de la part du navigateur et pas mal de boulot de la part de l’équipage. Le vent est très instable et ça se balade entre 15 et 22 nœuds. On navigue entre 50 et 80 degrés du vent. Là, on a un petit 20 nœuds et c’est assez rapide puisqu’on marche à 22 nœuds… mais ça reste très irrégulier. »

Vincent Riou (Sodebo Ultim) : « Tout va bien ! On est en train de faire un crochet pour contourner une petite bulle anticyclonique. Forcément, ça a ralenti par devant et on arrive plus vite par derrière. On essaye de ne pas se déconcentrer pour bien naviguer, car quand on traverse ces zones là, on ne sait jamais, il peut y avoir des choses à ne pas faire et il faut être opportuniste. Mais a priori on est sur un phénomène qui est assez dynamique, et ça ne devrait pas changer grand chose au classement. Il faudra faire les comptes en milieu de journée. Dans quelques heures, on sera dans du Sud-Ouest qui va à nouveau se renforcer. On va aller flirter avec la zone des glaces et il y a des choses à faire, mais ça reste une vraie contrainte pour ce qui est de la stratégie. Il y a forcément des moments où on va s’en rapprocher et d’autres où l’on aurait bien aimé pouvoir entrer dans cette zone là, mais c’est le jeu et la même chose pour tout le monde. Ça se passe parfaitement bien pour Billy Besson (quadruple champion du monde de Nacra 17 et qui dispute sa première transat en course ; ndlr). Il est en pleine forme, et comme les autres a pris son rythme. Il avait un peu peur d’avoir le mal de mer au début, mais n’a pas du tout été malade. Les conditions sont parfaites pour lui comme pour les autres. »

Pascal Bidégorry (Macif) : « On s’approche d’une espèce de dorsale et le vent est super instable. Ça avance de manière chaotique. Je pense qu’on va avoir ces conditions une partie de la nuit. On va avoir encore trois quatre heures compliquées. Après j’espère que ça ira mieux quand on va sortir de cette zone. Tout se passe bien à bord. On a une bonne organisation. On tourne régulièrement ce qui laisse l’opportunité d’utiliser tout le panel de nos voiles d’avant. On fait des rotations de deux à trois heures au gré de la nécessité, avec les quarts actifs et les stand by, puis on va dormir deux ou trois heures. Franchement, ça va au niveau du rythme. Là je me suis réveillé et j’ai fait un gros dodo bien comme il faut ! »

Sébastien Picault (IDEC SPORT) : « On essaye de faire avancer le bateau le mieux possible. Il n’y a pas énormément de vent en ce moment… mais bon on fait au mieux pour passer les transitions. Et comme IDEC SPORT est un peu plus lourd que Macif, c’est moins ça dans ces conditions. On essaye de garder Sodebo derrière et ne pas se faire décrocher devant. On va bientôt se diriger vers le Sud de la zone des glaces en retrouvant un peu plus de vent. Ça devrait réaccélérer. On essaye de créer un petit décalage avec Macif, car si on reste dans son axe derrière, ça va être très dur. Il ne fait pas trop froid. On a un bateau qui est moins protégé que les autres, mais ça reste très correct. On aurait été plus à l’aise avec une route Sud. La température est sans doute plus frisquette que sur le Queen Mary 2, mais avec nos polaires et nos bonnets ça va. On est quand même en été ! »